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Actualité et société
20 janvier 2016

Les Deux Amis, un film plein de surprises…

 

Pour son premier long métrage, Louis Garrel revisite le thème du triangle amoureux. Mélange de tendresse et d’émotion, Les Deux Amis est un film touchant qui nous surprend de minute en minute.

Subtil, léger, tendre. Mais avant tout surprenant. Ainsi pourrait-on qualifier Les Deux Amis, sorti le 23 septembre 2015. L’histoire, héritière d’une longue tradition, est celle d’un triangle amoureux. D’un côté, Clément (Vincent Macaigne), figurant de cinéma attachant, mais fragile et suicidaire. De l’autre, Abel (Louis Garrel), son double plus sombre, sûr de lui et manipulateur. Un lien paradoxal, aussi salutaire que destructeur, unit ces amis de longue date. C’est alors que Mona (Golshifteh Farahani), jeune vendeuse au passé trouble vient compléter le trio et mettre leur amitié à l’épreuve.

Un film surprenant, donc. Surprenant lorsqu’avec talent, Louis Garrel associe tradition et modernité. La référence à Truffaut (Jules et Jim) est perceptible, les thèmes innovent peu ; mais, la musique électro et la succession de scènes rapides apportent davantage d’actualité au film. Lancé à pleine vitesse, le film ne s’arrête jamais, entre poursuites, chorégraphies, prises de bec et réconciliations. Quant aux personnages, ils paraissent à la fois complexes et touchants. Clément se révèle pathétiquement attendrissant, surtout face à un Abel, certes égoïste, mais sensible à sa manière. Quant à Mona, elle est incarnée par une Golshifteh Farahani éblouissante qui nous offre les scènes les plus émouvantes. Son angoisse lorsqu’elle rate son train, ou son désir de se libérer par la danse bouleversent le spectateur. Tel l’oiseau en cage que Clément lui offre, Mona représente à la fois l’enfermement et la quête de liberté.

 

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Abel (Louis Garrel), Mona (Golshifteh Farahani) et Clément (Vincent Macaigne)

 

Surprenant aussi par les liens tissés entre les personnages. Si le trio fonctionne à merveille, c’est aussi parce que chacun entretient une certaine ambiguïté dans son rapport aux autres. Le spectateur s’interroge en permanence : Qui aime qui ? Qui est sincère ? Que veulent-ils vraiment ? Les héros sont tour à tour amis, amants, traîtres et victimes. Si, au début, nos deux amis semblent unis par un lien profond et sincère, cette relation devient très vite plus paradoxale. Lorsqu’il donne son bain à Clément, Abel se transforme en père attentionné. Quelques scènes plus tard, on les retrouve dans le même lit, tels deux amants en déni. Certes, ces contradictions donnent parfois le tournis, mais cela permet à Louis Garrel de nous surprendre en permanence. Aucune clé, aucune réponse définitive n’est jamais fournie. Les personnages se mentent, se trahissent, se délaissent, mais sont aussi capables de générosité et semblent finalement tenir les uns aux autres. Aucun des personnages n’est entièrement détestable, ni complètement innocent, ce qui donne au film tout son relief. 

Surprenant enfin grâce au mélange des genres. Car la subtilité du film nait aussi de cette association entre légèreté et tragique, un mélange qui confère au film un grand réalisme notamment quand il s’agit de parler d’amour ou d’amitié. Certes, d’autres thèmes actuels et problématiques, tels que le suicide ou l’emprisonnement, ne sont pas assez développés, mais cela permet au réalisateur de les aborder sans s’éloigner du sujet principal : les relations humaines. D’autre part, cette alternance d’épisodes de tension et d’épisodes d’insouciance permet au spectateur de réfléchir sur des sujets de société tout en se distrayant. Ainsi, bien loin de simplement « se donner l’air profond », pour paraphraser Mona au sujet d’Abel, Louis Garrel fait preuve d’une grande finesse. D’autant plus que c’est aussi du surgissement de ces scènes dramatiques que naît le suspense intense et ininterrompu du film. Le spectateur se rend bien compte qu’à tout moment, un personnage peut commettre l’irréparable de quelque manière que ce soit. C’est notamment pour cela que ce premier long métrage demeure réussi : on attend le deuxième avec impatience…

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